Traversée
Ça
y est, on est arrivé ! Je pensais avoir le temps d'écrire pendant ces
15 jours. En fait, je pensais avoir le temps de lire, de regarder la
mer, de réviser mon espagnol.
C'est
vrai quoi, ça devait être peinard cette traversée,portés par les
alizés, bercés par une longue houle régulière, on devait arriver frais
et dispo aux Antilles.
Mensonges
que tout ça...pour de vrai, on en a bavé. Et heureusement qu'on était 3
car sauf le premier jour où après un départ venté, nous avons dû mettre
le moteur, nous avons navigué avec des vents en moyenne de 20 à 25
noeuds et surtout avec des vagues hautes de 5-6 m dans une mer
désordonnée.
Le
vent fort nous a obligé à rouler partiellement le génois la très grande
partie du temps. C'est pas bon pour lui mais la trinquette ne peut pas
être utilisée avec le tangon. À part l'enroulement du génois, les
manœuvres régulièrement effectuées par l'équipage ont été la prise et le
lâcher de ris et les empannages, les derniers nécessitant à chaque fois
de rouler entièrement le génois et d'enlever le tangon, et donc de le
remettre une fois le changement d'amure effectuée. On a en effet quelque
peu zigzagué, histoire de choper les courants favorables, pas toujours
avec succès.
Les grains
La
météo ne s'était pas trompée cette fois-ci, nous avons subi plusieurs
grains successifs pendant 3 jours et aussi 3 nuits... Un nuage bien
foncé et c'est l'escalade, le vent indique 22 nds, puis 23, 24, 25, 26,
27.... jusqu'à 37 parfois. La nuit, on appelle à l'aide pour enrouler le
génois, enfin moi, Marc et Thomas se débrouillent parfois seuls s'ils
ont repéré le grain, ce qui est loin d'être évident la nuit. Distinguer
un nuage noir dans la nuit noire...
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il y a quand même des chouettes levers de soleil |
Les nuits
Ben
pas folichonnes les nuits. Les vagues hautes et désordonnées, le vent
fort nous obligent à tenir la barre plus souvent qu'on ne l'aurait
voulu, surtout que la casse du pilote avant l'arrivée au Cap Vert nous a
laissé un peu traumatisés. Les nuits de grains n'arrangent rien. Du
coup on est crevé, les quarts sont de 2 heures, à trois personnes mais
même quand c'est notre tour de dormir, le bruit et le roulis à
l'intérieur nous empêchent de bien nous reposer.
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On essaie de sécher les coussins dans la journée |
La nourriture
Bon ....on a pas très bien géré l'avitaillement. Parfait pour une croisière
amaigrissante ces 15 jours. Pour être en pleine forme, il aurait fallu
plus à manger. Ça manquait de chips, chocolat, conserves de fruits....
Mais, point positif, on a réussi à cuisiner de vrais repas (pâtes/œufs au plat; corned-beef/purée), et même à faire des fondants au chocolat et des crêpes. Les filles évoquaient avec nostalgie la cuisine de leur mamie...
En revanche, on a pas eu de pénurie de paquets de pâtes chinoises pour le plus grand bonheur de Sibylle. Les autres n'en pouvaient plus.
Le troisième équipier
Comme
dit sibylle c'est cool d'avoir tonton marc : il connaît tout Georges
Brassens, possède un répertoire appréciable de blagues à Toto & co,
prête ses aquarelles aux filles et râle moins que les parents. Et en
plus il pêche et ça marche.
Les
adultes étaient bien content aussi. Pour la bonne ambiance, pour les
manœuvres, pour les quarts de nuit, pour la pêche, Marc était une bonne
pioche. En plus il mange de tout sans rechigner (ou presque, les pâtes chinoises.....). Mais pourquoi c'est pas de
famille.....?
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tu te rappelles tous les coups pendables qu'on a fait....même aujourd'hui les parents savent pas tout |
La pêche miraculeuse
En
effet, suivant les conseils glanés au cap Vert, on met un fil (80 m
suffisent au final), un hameçon et un poulpe en plastique à 50 cts, le
tout à la traîne derrière le bateau et on attrape ainsi 5 dorades. Le
bout du fil est accroche à une planche en bois et tourné autour d'un
taquet.
Trois
vont s'échapper lors de l'opération délicate qui consiste à les ramener
à bord. 1 se détache à 3 m du bateau, une autre est sur la jupe et thom
essuie de l'assommer à coup de bâton, sous les yeux horrifiés des
enfants, quand elle réussit son évasion.
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Sibylle et Marc en plein découpage |
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Dorade coryphène - mais c'est trop!! |
Quelques conseils pour réussir à déguster des sushis :
Mettre des gants
Vérifier le fil souvent et ramener la bête sans trop tarder
La choper par les ouïes des que possible. On vitupère grosse épuisette de pêche, elle a fini dans l'océan.
Pour tuer le poisson, le rhum est super efficace. Une bonne rasade et hop!
Ensuite,
on coupe la queue, on incise en long pour vider le poisson, on rince
abondamment, on coupe la tête et on découpe en filets, tout ça l'opinel
de Savoie.
Ce
qui est nul, c'est qu'on avait pas bien anticipé la conservation d'1,50
m de dorade. Sans congel, il faudrait des bocaux ou une bonne technique
de salage. Résultat : une bonne partie de la grosse dorade sera rejetée
à la mer.
Les filles
Elles
ont dessiné, lu, nous ont préparé des cadeaux de Noël, elles se sont fait des cabanes en paréos dans les cabines, ont regardé des
films....Elles ont bien aidé pour les tâches ménagères, cuisine,
nettoyage, vaisselle...tout ça avec une plutôt bonne humeur et ont même
réussi à faire pas mal de travail scolaire. Si c'est vrai! On a un
témoin, tonton peut témoigner. Pour les manœuvres, on pensait les faire participer plus mais la météo peu clémente nous en a empêchés.
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Cuisiner en nav, c'est du sport! |
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merci les filles |
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Une bouteille à la mer |
Joyeuses Fêtes
Menu de fêtes : pâtes aux sardines ; ok pas top mais dans la bonne humeur. On a chanté, un peu, les filles nous ont préparé de chouettes cadeaux, des guirlandes et des pluies de confettis
On a pas trop veillé, ceux qui prenaient leur quart avaient pas l'intention de perdre du temps de sommeil, pas fous!
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Séance découpage de guirlandes |
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mmmmh des spaghettis, ça faisait longtemps.... |
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dans la cabane tipi en train de faire on sait pas quoi |
L'arrivée
Enfin!!!!
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Les Saintes |
On
est arrivé le lundi 1er janvier en début d'après- midi par un temps
magnifique à 7-8 nœuds de vitesse sur mer plate et au vent arrière. Ce à
quoi on a rêvé pendant 15 jours !....
On est d'autant plus impatient d'arriver qu'on se sait attendu par Lilian et les enfants.
Le personnel de la marina rivière Sens est moins fébrile de nous voir. En fait, personne n'est là, jour de l'an oblige.
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Marina de Rivière Sens |
On
s'amarre a un ponton avec une pendille, pas le type d'amarrage le plus
facile. En plus, Lilian a amené une quinzaine de personnes, adultes et
enfants, amis de Marc, venus le féliciter (de nous avoir supporté 15
jours..?). On a la pression! Ça bafouille un peu mais on y arrive.
Enfin
la terre, ou presque. On reste sur le ponton à boire du champagne et
manger des petits fours. Merci Lilian, comme d'habitude jamais en défaut
pour l'accueil et le ravitaillement!
Les
filles s'attendaient à un petit comité et commencent à se planquer
devant tant de gens mais finissent par sortir. Ouf, on est encore, un
peu, sociable.