mardi 12 décembre 2017

Du 1 au 8 décembre - Traversée de La Gomera au Cap Vert

La théorie
Quelques heures de moteur, 10-20 noeuds de vent au portant. Cool quoi... voiles en papillon et fais peter les bouquins !
La vraie vie :
On commence par deux journées de moteur avec du vent entre 0.5 nd et 4 nds. Pétole totale et imprévue, un pet de moustique riderait l'eau...
 
Baignade dans une grande piscine,
On a un réservoir de 80 l et 2 jerricans de 20. En 48h dont seulement 3 à la voile, on a vidé les 2 jerricans.  On croise un voilier sans moteur ni voile, échange vhf en anglais, il se laisse dériver, on serait bien tenté de le faire aussi mais si on coupe tout, on dérive oui, mais de 1,5nds droit vers l'ouest, pas le chemin. 
Coté lune à 18H
Coté soleil à la même heure
 
On commence à désespérer devant cette mer d'huile, d'autant plus qu'impossible de récupérer la météo. Le système iridium sat avait bien fonctionné jusque ici mais là c'est la tuile. Le téléphone marche mais pas le boîtier. Du coup, c'est le père de Thom qui va nous envoyer une météo sommaire pour la suite de la traversée. 
Le vent arrive enfin au matin du troisième jour et avec lui une houle courte et désordonnée, très désagréable, on dort mal pendant la nuit. On tient quand même le spi jusque tard dans la nuit. 
Arrive pour couronner le tout, le truc improbable, la panne qui ne doit pas arriver, le pilote tire sa révérence! Le vérin est tout grippé, on s'en aperçoit car la barre à roue est dure et de la cabine arrière bâbord, on entend des grincements de mauvaise augure.
Thom doit démonter le vérin qui bloque par moment la barre. Pour ce faire, il doit se faufiler dans le coffre et d'abord tout sortir dans un bateau brinquebalé par cette mer hachée. Mais où est l'océan et sa houle longue et agréable qu'on nous a vendu? 
Bene l'aide d'une main tout en barrant, les enfants donnent un coup de main. Soudain le crochet du bout qui tient le coffre lache. Thom se prend le coffre sur le dos. Heureusement son gilet le protège. Ça aurait pu être une catastrophe (genre un thom édenté...), nous ne sommes donc pas encore complètement maudits. 
Le capitaine, en bon état
 
Par contre, nous voilà condamnés à tenir la barre pendant 4 ou 5 jours et nuits. Ô rage, ô désespoir comme disait le Papa du Cid, ce pilote c'est censé être du solide, du super costaud ! La réalisation de la sentence nous laisse un peu assommés, puis le découragement pointe son nez, difficile à réprimer. Il va pourtant falloir endurer de longues heures à la barre. Une fois résignés, on s'organise et la suite se passera vaille que vaille malgré le manque de sommeil. Enfin se faire réveiller à 2h du mat quand tu es poursuivi par un dinosaure ayant la tête de ton prof de math de 3ieme c'est franchement dur !
Heureusement les conditions de vent s'établissent de manière durable. Environ 17 nds moyens, vent arrière, parfois des rafales à 30, la nuit forcément. Peu de manœuvres sont nécessaires. En général, on a un ou deux ris dans la ,GV et le génois en ciseau et tangonné. 
 
Voiles en ciseau
La nuit, on réduit la voilure en roulant partiellement ou complètement le génois et en ajoutant un ris supplémentaire dans la GV. Les quarts durent deux heures la nuit, la journée c'est selon l'énergie de chacun. On reste à la barre parfois jusque 4 heures d'affilée, le temps que l'autre se repose et vaque à quelques tâches indispensables, cuisiner et ranger, envoi de SMS par tel satellite pour récupérer la météo, commander un nouveau vérin... c'est un mal pour un bien, on est plus attentif à l'océan. On observe régulièrement des bancs poissons volants filant au ras de l'eau en jouant avec les vagues, un beau squale vient quelques secondes s'approcher de la jupe et les inévitables dauphins pointent leur rostres au moins une fois par jour jouant avec l'étrave de Coquine. 
La lune sera toujours avec nous. Par contre elle n'apparaît que vers 22h alors que la nuit est complète à 19 h et dure jusqu'à 8 h du matin. C'est alors qu'on réalise la chance de nos longues nuit d'été des climats tempérés.
Au lever du 5ieme jour on est en plein harmattan. Lui, c'est le vent de nord-est qui soufflant d'Afrique en profite pour saturer l'air de poussière ocre réduisant la visibilité à moins de 2 miles et déposant une couche de ladite poussière partout. La belle écoute blanche au doux toucher cotonneux de la gv se transforme en quelques heures en un immonde boyau ocre. Thom râle, ses voiles toutes neuves sont degueulasses, Béné tente le réconfort avec l'argument imparable "ça fait bateau de voyage", marche pas il râle encore ...
La température, elle, est notablement plus élevée. Jusqu'ici les nuits en nav avaient toujours été fraîches. On peut maintenant se passer des bonnets et les lourdes vestes de nav peuvent être remplacées par des vestes plus légères.
Pour les filles, tout se passe bien. Sibylle finit le tome 7 d'Harry Potter et Victoire entame Les Trois Mousquetaires. Elles regardent un film le soir.  Sibylle se régale chaque soir avec notre menu spécial navigation, des pâtes chinoises en sachet.
 
Faut quand même faire chauffer l'eau, l'exercice mériterait qu'on sorte la caméra, c'est de la haute voltige quand la mer refuse de se calmer. Les filles participent aux opérations, tenir les couvercles des casseroles, amener les ingrédients et les ranger aussitôt utilisés. il y a des temps de répit qui nous permettent de cuisiner des repas acceptables, style spaghettis au beurre ou corned-beef aux oignons.
Mine de rien, le temps passe et on se rapproche. L'arrivée est enfin proche. Elle se fera de nuit, impossible d'y couper. Thom a pas voulu acheter la dernière version des cartes, du coup on utilise une carto datant de 1998 partiellement mise à jour. Le hic : la baie de Mindelo est parsemée d'épaves non renflouées (y'a bien les 3 ronds noirs sur certaines épaves, mais comme le disait l'idole des jeunes (regrets éternels) "noir c'est noir", surtout la nuit!) et les feux ne marchent pas tous, bref le Thom il s'en veut parfois d'être radin, surtout avec une arrivée de nuit. L'autre hic, le déficit de sommeil altère la vigilance et exacerbe la sensibilité de l'un au propos de l'autre... 
Enfin la terre....
On relit toutes nos infos et cartes pour nous repérer et le 8 décembre à 3 heures du matin, nous voici enfin au mouillage dans la baie de Mindelo sur l'île de Sao Vicente au Cap Vert.

3 commentaires:

  1. C’est top de lire vos aventures. Profitez bien. Vous passez le nouvel an là bas? Bises, François

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  2. Et alors, la suite? on attend la suite ! gros bisous, amusez vous. On vous attends en avril !
    Lilian

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  3. Coucou !!!
    C'est Thierry de l'école.
    Pour de l'aventure c'est de l'aventure !!!!!!!
    Nous sommes en vacances, à la rentrée je lirai votre périple à la classe !!!
    Bon courage, ne lâchez rien et profitez bien !!!

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